Gouvernance foncière et Zlecaf : une Masterclass organisée pour renforcer les capacités des journalistes africains

Première publication sur https://www.agenceecofin.com/formation/2011-113842-gouvernance-fonciere-et-zlecaf-une-masterclass-organisee-pour-renforcer-les-capacites-des-journalistes-africains

(Agence Ecofin) - Du 21 au 24 novembre 2023 se tient à Addis-Abeba la 5e édition de la Conférence sur les politiques foncières en Afrique (CLPA).

En marge de cet événement, un atelier de formation a été organisé pour sensibiliser les journalistes africains sur les principales thématiques qui seront abordées.

Une vingtaine de journalistes économiques africains ont suivi, lundi 20 novembre 2023 au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba, un atelier de renforcement de capacités sur les questions de gouvernance foncière, d’état de droit et de commerce. Organisée en marge de la CLPA 2023 qui commence officiellement le 21 novembre, la Masterclass visait à améliorer la qualité des reportages sur ces sujets et à constituer un réseau de journalistes plaidant en faveur de politiques foncières inclusives et du commerce intra-africain.

L’atelier s’est ainsi déroulé en plusieurs sessions au cours desquelles différentes présentations ont été faites, entre autres au sujet de l’importance du foncier pour le développement de l’Afrique, les différents efforts consentis pour améliorer la gouvernance foncière sur le continent, ou encore le commerce intra-africain et la Zlecaf.

« Nous voulions que les journalistes comprennent que les questions foncières sont complexes et comportent des dimensions politiques, économiques, sociales, culturelles et spirituelles qui doivent être prises en compte lors de la prise de décisions concernant la terre. »

Les échanges ont également porté sur les données et bases de connaissances disponibles pour les journalistes africains, la place de la femme dans les débats autour du foncier et du commerce intra-africain, ainsi que d’autres thématiques comme l’agriculture, les ressources naturelles, etc.

« Nous voulions que les journalistes comprennent que les questions foncières sont complexes et comportent des dimensions politiques, économiques, sociales, culturelles et spirituelles qui doivent être prises en compte lors de la prise de décisions concernant la terre. Nous souhaitions également qu’ils acquièrent des connaissances sur la ZLECAf et sur la manière dont elle ouvre des opportunités aux pays africains de commercer entre eux […]», a commenté pour Agence Ecofin, Dr Kimani Njogu, principal modérateur de la Masterclass, qui a ajouté que « les journalistes ont également été formés sur les indicateurs relatifs à l’état de droit, notamment sur la manière dont les gouvernements peuvent rendre les transactions foncières ouvertes et transparentes ».

Questionné sur les changements qu’il attend au niveau de la presse africaine après cet atelier de formation, il a indiqué qu’il espère que les connaissances acquises et les ressources données aux journalistes leur serviront à raconter davantage d'histoires sur les ressources foncières et sur la manière dont elles peuvent bénéficier aux peuples africains grâce à des processus décisionnels inclusifs et transparents. L’importance du foncier pour le développement de l’Afrique

Selon un rapport rédigé plus tôt cette année par notre confrère Moutiou Adjibi Nourou et disponible sur la plateforme Ecofin Pro, l’Afrique est de loin le continent le plus ciblé par les acquisitions foncières à grande échelle. En effet, apprend-on dans ce document qui cite plusieurs sources comme Land Matrix Initiative, entre 2010 et 2020, en Afrique subsaharienne, 7,3 millions d’hectares (environ 3 fois le Rwanda) sont passés sous contrat de location ou d’acquisition. De plus, une étude de MISEREOR citée dans le document indique également que 37 % du nombre total de transactions et 34 % des terres acquises à des fins agricoles se trouvent sur le continent, devenu la cible de pays tels que la Chine, la Corée du Sud, l’Inde ou encore les monarchies du Golfe qui cherchent à compenser leur déficit de terres arables par rapport aux besoins alimentaires de leurs populations.

Certains de ces chiffres sont revenus au cours de la Masterclass pour montrer les enjeux autour du foncier en Afrique. Dans sa présentation sur les problèmes de gouvernance foncière en Afrique, Dr Joan Kagwanja (Land Policy Initiative) a justement expliqué tous ces enjeux ainsi que l’importance du foncier pour le développement du continent.

Selon elle, le développement de l’Afrique englobe plusieurs paramètres comme la paix et la stabilité, la gestion durable des ressources naturelles, la réduction de la pauvreté, ou encore l’équité, le développement économique et la sécurité alimentaire. Chacun de ces paramètres est lié d’une manière ou d’une autre au foncier, et des systèmes efficaces de gestion de terres débloqueraient de facto le potentiel de plusieurs secteurs économiques.

Pourquoi l’Afrique prend-elle autant de temps pour résoudre ses problèmes fonciers ?

Si l’importance du foncier pour le développement du continent fait l’unanimité, pourquoi l’Afrique n’arrive-t-elle toujours pas à trouver des solutions efficaces ? La question a été posée par un des journalistes participants à l’atelier de renforcement de capacités.

Selon Mme Kagwanja, si cette question est légitime, elle n’en demeure pas moins complexe et y répondre n’est pas aussi évident. Comme elle l’a expliqué au cours de sa présentation, les problèmes du foncier en Afrique ont des causes assez complexes en rapport aux pratiques culturelles, à l’héritage colonial ou encore à la mauvaise gouvernance. De plus, selon la région ou les pays, les priorités varient, car les enjeux et les défis ne sont pas les mêmes (voir graphique).

Source : Master Class for Business and Economics Journalists

Pour régler de façon efficace les problèmes liés au foncier sur le continent, il faut identifier avec précision les différents défis à relever. A-t-on un problème de manque de connaissances et de capacités ? La prise de conscience de l’importance du foncier est-elle effective ? Le défi majeur se trouve-t-il au niveau de l’engagement politique ? Comment tirer profit de la digitalisation de manière efficace ?

Plusieurs initiatives régionales ont été lancées ces dernières années pour répondre à ces différentes questions. Le tableau n’est pas si sombre puisque des mesures de réformes foncières ont été adoptées ces dernières années dans plusieurs pays africains (Togo, Bénin, Afrique du Sud, Zimbabwe, Côte d’Ivoire, Sénégal) avec des résultats variés.

L’édition 2023 de la Conférence sur les politiques foncières en Afrique, organisée conjointement par la CEA, la Commission de l’UA et la BAD, sera une nouvelle occasion pour dirigeants et décideurs africains de trouver de meilleures solutions à la problématique du foncier en Afrique.

Louis-Nino Kansoun, depuis Addis-Abeba

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« Il faut reconnaitre les droits des communautés sur les terres, mais elles doivent les utiliser pour la production » (Alaina Yacoub Possey, Tchad)

Première publication sur https://www.agenceecofin.com/gouvernance/2211-113902-il-faut-reconnaitre-les-droits-des-communautes-sur-les-terres-mais-elles-doivent-les-utiliser-pour-la-production-alaina-yacoub-possey-tchad (Agence Ecofin) - La cinquième édition de la Conférence sur les politiques foncières en Afrique (CLPA) a commencé mardi 21 novembre 2023 au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie. Les discussions tenues au cours de cette première journée